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La maison qui rend fou - épisode 3 : matronyme

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publié le 03 mai 2023 à 10:57  par Apfelschorlette

Dans l'épisode précédent, nous vous avions laissés en plein suspens : l'officier de mairie était en train de comprendre notre bonne foi, quand un autre détail sur la carte de résident d'Apfelstrudel attira son attention.

Pour ajouter à la difficulté des transcriptions de son nom de famille, Apfelstrudel dispose d'un nom d’usage, qu'il n'utilise en réalité que dans le cadre professionnel, et qui ne figure sur aucun de ses papiers officiels... sauf son passeport. En France, cela n’a jamais posé problème : il utilise le plus souvent sa carte d'identité, et quand bien même il doit montrer son passeport, il n'a pas à prouver qui il est. En effet, quand vous rencontrez une personne dont la pièce d’identité fait figurer « Monsieur X usage X-Y », vous vous y retrouvez, que la personne se présente sous le nom de « Monsieur X », « Monsieur X-Y », ou encore « Monsieur Y ». Sur les papiers japonais, lorsqu’un nom d’usage figure sur le passeport, il est transcrit d’un seul tenant de la manière suivante : « XusageXY », et « usage » figure comme si c’était une particule du nom à part entière, sous diverses possibilités de transcription. Impossible donc de résumer son nom à « Monsieur X » ou à « Monsieur X Y », vous êtes systématiquement appelé « Monsieur XusageXY ».
L’officier, embarrassé de ne toujours pas faire le lien entre le nom figurant sur le koseki et Apfelstrudel présent en chair et en os devant lui, nous demanda si nous avions l’équivalent français du koseski. Heureusement, avant de partir pour la mairie de quartier, nous avions pensé in extremis à glisser notre livret de famille français dans nos affaires, "au cas où". L’ouverture du livret de famille ne fit qu’aggraver le cas d’Apfelstrudel, car, à nouveau, seul son nom simple (sans mention aucune du nom d’usage) figurait.

Mais visiblement, l’officier avait en sa possession assez de papiers, nous emprunta le livret de famille pour en faire une photocopie, et revint nous poser quelques questions sur les libellés français. Après avoir griffonné quelques annotations à la suite des explications qui lui avaient été fournies, il nous rendit l'original de notre livret de famille français, mais garda, à mon grand désespoir, mes papiers d’état-civil japonais (vous comprendrez ma tristesse dans l’épisode suivant !).
Il nous expliqua de manière pédagogue que, pour une prochaine démarche, il serait bon de faire traduire notre livret de famille français en japonais. Nous n'avons pas osé lui faire remarquer que le problème du nom d'usage se reproduirait, traduction ou non.

Nous pensions en avoir fini avec notre enregistrement en mairie, mais, étant donné la complexité de notre enregistrement, l’officier demanda à Apfelstrudel son passeport en guise de preuve de toute bonne foi… lequel passeport était resté à la maison. Cet oubli peut vous paraître étrange, mais Apfelstrudel est tellement conditionné depuis son arrivée au Japon à n’utiliser que sa carte de résident (seule pièce admise pour prouver son identité - le passeport ne compte pas) que prendre le passeport ne nous avait même pas traversé l’esprit.
Pour corser la difficulté, la mairie fermait trente minutes plus tard, et nous étions à un bon quart d’heure de chez nous. L’officier me confia le dossier d'enregistrement, m’invita à patienter dans les fauteuils de l’accueil, et demanda à Apfelstrudel d'aller chercher son passeport. Une demi-heure plus tard, Apfelstrudel arriva en sueur (rappelons que nous étions en plein mois de juillet), nous permettant de terminer notre enregistrement en mairie. Tous les guichets autour de nous étaient déjà en train de baisser leurs grilles, et nous étions les derniers usagers à quitter les lieux. Peut-être est-ce finalement pour cela qu'Apfelstrudel a eu une deuxième adresse erronée sur sa carte de résident !

Avant de sortir, pour nous remettre de nos émotions, nous avons fait une halte rafraîchissante au distributeur de boissons à l’entrée de la mairie, en nous disant que le Japon avait certes son lot de travers administratifs… mais qu’il présentait l’avantage d’avoir des distributeurs de boissons fraîches en tout lieu – mairies y compris ! C'est d'ailleurs le distributeur de la mairie qui nous servit d'illustration pour la devinette dans notre article sur les distributeurs.


Un visiteur.. venu d'ailleurs..


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Aujourd'hui !

par Papa-san le 30 juillet 2023 à 07:46


Il y a un manque évident de culture générale et de formation dans les administrations ... j'espère au moins que l'employé était dans la démarche d'essayer de comprendre et non celle d'appliquer les procédures standards.

Apfelschorlette, le 27 août 2023 à 07:17


Oui, l'employé s'est vraiment donné du mal pour essayer de tout comprendre. Il est allé jusqu'à examiner notre livret de famille français en essayant de comprendre d'où venait le nom étrange d'Apfelstrudel.

par Les HHeim le 8 mai 2023 à 14:44


Vos aventures me rappellent un vieux film de Terry Gilliam, Brazil. Un film culte de ma jeunesse. Et grâce à cette adresse erronée nous aurons peut-être droit à un épisode 4 😀

Apfelschorlette, le 19 mai 2023 à 22:04


Je ne connaissais pas ce film, mais rien qu'à en lire le résumé, j'ai les mêmes sueurs froides que lors d'une visite à la maison qui rend fou. L'adresse erronée n'a, heureusement, pas posé de problème... mais, tu l'as bien senti : il y a un épisode 4 !

Papa-san, le 30 juillet 2023 à 07:49


Il était excellent, ce film. Amusant, mais également le genre de film qui "fait peur", quand on pense que la réalité peut dépasser la fiction.